| 20 décembre 2017
[En Bref] Les smartphones, la science et nous …

A travers le monde, de plus en plus de scientifiques utilisent les smartphones pour observer le milieu vivant. Voilà quelques exemples d’utilisation que nous avons traduit d’un article de la revue Nature

Les smartphones concentrent dans quelques dizaines de cm3 un ordinateur, un appareil photo, un GPS ainsi que différents capteurs et détecteurs. Nous utilisons ces formidables capacités pour envoyer des selfies ou partager des vidéos de chatons. Et si nos téléphones nous permettaient cette fois d’accéder à des informations intéressantes ?

Analyser l’ADN

La société américaine Biomeme de Philadelphie a mis au point le two3, un instrument portatif permettant d’analyser l’ADN d’un échantillon lorsqu’on le branche à un IPhone. Ainsi, en Antarctique Nord, le microbiologiste marin Peter Countway a pu étudier au moyen du two3 l’utilisation du diméthylsulfoniopropionate par les bactéries marines : il s’agit d’une molécule produite par le phytoplancton et jouant un rôle dans les modèles météorologiques globaux. Par ailleurs, l’Université de Pennsylvanie y a repéré un outil pédagogique et a demandé à ses étudiants d’identifier différentes espèces de poissons commandées dans trois restaurants : il s’est avéré que la moitié du temps les noms affichés sur la carte n’étaient pas fidèles à la réalité.

Traquer les parasites

En 2014, Isaac Bogoch, spécialiste de la médecine tropicale à Toronto, a eu l’idée de mettre les smartphone au service de la santé. Schistosomiasis est une infection parasitique se propageant dans les eaux contaminées et endémique de Côte d’Ivoire, pouvant provoquer des complications gastro-intestinales, urogénitales et hépatiques. Cette maladie peut être détectée et soignée facilement… si les professionnels de santé ont accès à un microscope et en maîtrisent l’utilisation, ce qui est rarement le cas. Isaac Bogoch a ainsi inventé le CellScope Schisto, sorte de microscope fonctionnant grâce à la superposition d’une lentille et de l’appareil photo du smartphone et permettant aux techniciens locaux d’analyser les urines et fèces des patients après une courte formation de détection des parasites.

Cartographier les récifs coralliens

Accrocher un smartphone à un cerf-volant tracté par un kayak pendant six heures, c’est l’idée qu’a eu Emmanuel Reynold de l’Université de Dublin pour étudier le corail de Fakarava en Polynésie. Les images capturées toutes les vingt minutes par le téléphone ont ensuite été utilisées pour réaliser une carte en 3D du récif.

Et même comme microscope !

Les smartphone sont souvent accusés d’accentuer l’égocentrisme et le repli sur soi. Mais leur démocratisation au sein de notre société pourrait au contraire permettre d’ouvrir les yeux du grand public sur le monde et son fonctionnement : ces appareils possèdent en effet de grandes capacités techniques prouvant leur aptitude à servir la science. Dans le cadre d’Ocean is Open, nous avons mis au point un microscope low-tech utilisable avec un smartphone.

Pour construire le vôtre, c’est par ici : http://beta.wikifab.org/index.php/Microscope_x60_en_bois_pour_une_observation_avec_un_smartphone.

A vous de jouer !

« Plutôt que de transférer des personnes ou des spécimens à des laboratoires éloignés, nous pouvons amener le laboratoire directement aux gens. »

Emmanuel Reynaud , University College Dublin
À propos de l'auteur
Emmanuel Poisson-Quinton
Coordination de projets Explore