| 22 janvier 2020
Under The Pole : retour sur 18 mois en Polynésie

Partie depuis mai 2017 à bord du voilier d’expédition le Why, l’équipe d’Under the Pole a passé les 18 derniers mois en Polynésie pour étudier les coraux et leurs écosystèmes.

On l’a voulu, on l’a construite, et ça y est, on vit sous la mer »

Ghislain Bardout, directeur des expéditions Under The Pole

18 mois en Polynésie française pour étudier les coraux et leurs écosystèmes

Dans les océans, les récifs coralliens représentent une surface extrêmement faible, moins de 1 % de la planète, mais ce sont les écosystèmes les plus diversifiés abritant plus de 25 % de la vie marine et présentant une biodiversité égalant celle des forêts tropicales. Or, un rapport du GIEC du 25 septembre 2019 sur l’océan et la cryosphère annonce une disparition des coraux en 2050.

C’est pourquoi Under the Pole a voulu mieux comprendre les récifs coralliens pour mieux les protéger, en partenariat avec l’antenne du CNRS à Moorea : le Criobe (Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement). L’objectif était d’étudier la biodiversité corallienne mésophotique, et tester l’hypothèse du refuge : les coraux profonds – moins impacts par le blanchissement (et non pas blanchiment comme l’argent!) se trouvant dans les couches plus profondes pourraient en rejetant leurs larves, réensemencer les coraux de surface, gravement en péril à causse des changements climatiques.

Le programme DeepHope : des plongées pour étudier les coraux mésophotiques

En travaillant en lien étroit avec des scientifiques, particulièrement Michel Pichon et Laetitia Hédouin, la plus grande collection de corail mésophotique a été rassemblée par les plongeurs de l’expédition entre 30 et 120 m de profondeur. En effet, les plongeurs de l’expédition ont récolté 4000 échantillons de coraux, prélevés entre 30 et 120m de profondeur. Ils ont aussi découvert le corail mésophotique le plus profond jamais récolté, un spécimen de Leptoseris hawaiiensis, à 172 mètres de profondeur.

Ces découvertes contribuent à supporter l’hypothèse d’un refuge pour les coraux de surface dans les profondeurs de l’océan et un espoir pour les restaurer.

J’ai attendu pareilles découvertes depuis 40 ans. L’ensemble des récoltes obtenues à la fin de l’expédition représentera la collection de coraux mésophotiques la plus importante au niveau mondial, tout particulièrement aux profondeurs supérieures à 90 m. Le partenariat « Under The Pole – Criobe » est un des plus intenses jamais réalisés à ce jour. Les résultats scientifiques qui se dessinent, ainsi que leur impact, ont clairement un intérêt primordial à l’échelle planétaire. »

Michel Pichon, expert des récifs coralliens

Le programme Capsule : observer les récifs en continu

Au bout d’un an de plongées réparties sur 5 archipels, l’équipe est retournée à Moorea, où ils sont restés plusieurs mois pour travailler avec la Capsule. Placée à 22 mètres de profondeur, cet habitacle sous-marin permet aux plongeurs de rester sous l’océan jusqu’à 72h d’affilée ! 

Ces immersions de très longue durée opérées grâce à la Capsule ont permis aux chercheurs d’observer des phénomènes jusqu’alors étudiés sur des laps de temps trop courts, ou en laboratoire : 

  • la ponte des coraux
  • les relations inter-espèces dans le récif corallien 
  • la physiologie des plongeurs et l’adaptation du corps humain à la vie sous-marine

Le choix de mener ce programme à Moorea n’était pas anodin. Les récifs de Moorea ont subi un épisode de blanchissement des coraux avec des dégâts importants sur le récif. Il était donc intéressant de comparer les plongées avant et après cet épisode de blanchissement.

Il est encore tôt pour donner des résultats scientifiques aujourd’hui. Les données récoltées vont maintenant être analysées par les scientifiques. Mais une chose est sûre : les plongeurs n’ont observé qu’une seule ponte des coraux. Il semblerait que cette année les colonies de coraux aient dépensé l’essentiel de  leur énergie à la survie.

Et maintenant ?

Alors qu’une bonne partie de l’équipe est rentrée en France pour communiquer sur ces deux dernières années d’exploration et prévoir la suite, d’autres sont restés en polynésie pour bichonner le Why. Il semblerait qu’il faille le préparer pour des zones froides…l

La capsule quant à elle arrivera bientôt dans les hangars à Concarneau. Elle n’aura laissé aucune trace de son passage à Moorea après sa remontée en décembre.

 

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Cécile