| 20 avril 2020
Le billet de Roland Jourdain : On fait avec ce qu’on a… et avec ce qu’on est.

C’est étrange, malgré le foisonnement de vidéos et de photos que la fée numérique peut apporter chaque jour – et nuit pour les plus accrocs- , on a l’impression de vivre en ce moment comme un arrêt sur image. Moins de monde, moins de bruit, moins de tout ce qu’il y avait … avant. Un mois. Une éternité. On en ressortira toutes et tous forcément marqués. Avides de sortir acheter tous les produits qui nous ont manqué, ou sevrés de la boulimie ? Certain(e)s auront vécu le manque comme un calvaire, d’autres se seront adapté(e)s en inventant de nouvelles manières de faire.

Pourvu que ce coup de semonce de la Nature, épreuve douloureuse pour beaucoup, nous ravive la mémoire. Huit millions de tonnes. C’est le poids du plastique qui part chaque année dans les océans. Principalement des emballages. Une matière-véhicule paraît-il assez appréciée par notre virus-star, il ne manquait plus que ça.
Une prévision de six cent mille tonnes de production annuelle dans les prochaines années, des chiffres qui donnent le tournis.

La double mission que s’est donnée l’équipe de Plastic Odyssey dans ce contexte est une lueur. Diffuser en open source les plans et méthodes pour construire des machines à bas coût permettant de créer de nouvelles vies aux différents plastiques. Voguer autour du monde pour partager les savoirs et ne surtout pas imposer une façon de faire « à l’occidentale » à des cultures et à des besoins locaux différents. Ces jeunes ingénieurs le disent si bien : « N’attendez pas des progrès de la technique qu’ils règlent les problèmes du monde, c’est le comportement de l’humain qui restera le plus fort levier du changement ».

Alors faisons au mieux avec ce qu’on a pour l’instant. Utilisons ce plastique plutôt que de le gaspiller, de tout polluer et nous avec, et faisons surtout avec ce qu’on est, des êtres humains capables d’adaptation à de nouvelles façons de faire.

Puisse cet arrêt sur image provisoire nous y pousser au plus vite, nous aider à voir un peu plus loin. C’est le vent qui souffle dans les voiles d’Explore depuis sa création.

Roland Jourdain

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