Début mai, le catamaran We Explore a été mis à l’eau. Retour sur la naissance d’un bateau pas comme les autres, point de rencontre entre l’entreprise à mission KAIROS et le fonds de dotation EXPLORE, tous deux fondés et gérés par Sophie Vercelletto et Roland Jourdain.
La mise à l’eau de We Explore est un moment important. Il y a une grosse part de moi-même et de toute l’équipe, même si nous avons confié le bateau à la maternité Outremer. C’est assez déroutant de faire un bateau visionnaire qui ouvre des voies. C’est différent de ce que j’ai pu faire jusqu’à maintenant avec des bateaux de course où je ne cherchais que la vitesse et la performance. Pour We Explore, il y a un autre critère qui rentre en ligne de compte. C’est celui de la sobriété et du respect de l’environnement et il va devenir de plus en plus important. J’ai hâte d’être à bord et de continuer sa vie. La mise à l’eau, c’est un accouchement et maintenant, on va apprendre à se connaître et à s’apprivoiser.
Une mise à l’eau à La Grande Motte
Nouvelle étape d’envergure franchie par We Explore, le catamaran de Roland est sorti du chantier Outremer et a été mis à l’eau le 5 mai à La Grande Motte, dans l’Hérault. Ce voilier de 18 mètres est le fruit d’une véritable révolution technologique puisque c’est la première fois qu’un multicoque de cette taille intègre autant de fibres végétales. We Explore et Bilou seront au départ de la prochaine édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe pour montrer « qu’une autre voie est possible ».
Un champ de lin sur l’Atlantique
We Explore est le premier bateau de cette taille intégrant des biomatériaux. Le pont – grand comme un terrain de tennis – est fabriqué à partir de fibre de lin. Produite en Normandie, la fibre de lin est moins énergivore que la fibre de verre et offre des propriétés mécaniques proches. Au-dessus de la tête de Roland, c’est donc un hectare de fibres végétales qui assure la rigidité de la structure. Le lin, sur lequel Roland et son équipe Kaïros travaillent depuis une dizaine d’années est de plus en plus présent dans le nautisme mais c’est la première fois qu’il est utilisé à une telle échelle en France.
L’esprit du collaboratif
Bilou nous explique : « Cet exploit a été rendu possible par la collaboration de quatre partenaires essentiels. La coopérative Terre de Lin, basée en Normandie, fournit la matière première et le chantier Outremer, à La Grande Motte, construit le bateau en adaptant ses méthodes de travail au cahier des charges inédit de We Explore, le cabinet d’architecture VPLP Design qui a revu les plans du 5X pour intégrer de la fibre de lin. Enfin, le fonds de dotation « Bureau Vallée pour une planète heureuse » est le premier partenaire à avoir cru dans ce projet et l’accompagne depuis le début. Sans pouvoir tous les citer, de nombreux partenariats techniques ont également été noués avec des entreprises désireuses de s’inspirer de ce projet innovant. Avec ces chefs de file, nous serons heureux de faire grandir cet équipage en accueillant de nouveaux partenaires, parce qu’ils savent qu’ils doivent revoir leurs modèles et qu’ils souhaitent partager, collaborer et s’inspirer ; Ensemble on va plus loin ! ».
Une approche écoresponsable : de l’innovation technique à l’évolution des usages.
Mi proto – mi bateau de série, We Explore est un bateau original par ses matériaux mais aussi dans son mode de conception. La plupart des bateaux de course sont des prototypes, construits sur mesure pour un skipper. We Explore fait exception à cette règle puisqu’il tient surtout du voilier de série 5X, navire amiral du chantier Outremer. Il lui emprunte ses formes tendues mais le matériau est différent et certains aménagements sont spécifiques au programme. « Nous voulons que le modèle soit reproductible. Avec un prototype, nous serions peut-être allés plus loin dans l’éco-conception mais cela aurait été plus intimiste. Cela aurait eu moins de portée » précise Roland qui reconnaît être venu « bousculer les habitudes » du chantier de La Grande Motte.
Vive la ré-utilisation !
En plus d’être un bateau innovant, We Explore est aussi un as du reconditionnement Les winches électriques – interdits en course – sont remplacés par du beau matériel d’occasion venant de l’Imoca d’Emmanuel Cousin, les puits et dérives viennent du trimaran d’Eric Peron, ancien bateau de Lionel Lemonchois, et les pièces de carbone sont réalisées à partir de carbone périmé venant de l’industrie aéronautique. Plusieurs voiles proviennent par ailleurs des anciens bateaux de Roland, retaillées par la voilerie All Purpose. « We Explore embarque avec lui un héritage de la course au large ! L’innovation passe aussi par la meilleure gestion des matériaux et systèmes, à terre comme en mer. La réutilisation fait partie de l’éco-conception, tout est lié dans la course au gain environnemental ».
Objectif Route du Rhum – Destination Guadeloupe
Tout juste né, We Explore est déjà tourné vers la Route du Rhum – Destination Guadeloupe qui s’élancera de Saint-Malo le 6 novembre 2022. Roland, double vainqueur de la transat en IMOCA bénéficie en effet d’une Wild Card offerte par l’organisateur. Cette course majeure à un goût particulier pour Roland. Depuis sa première édition, le Rhum a toujours été la course de l’innovation et We Explore s’inscrit dans cet héritage. « Je veux montrer que d’autres voies sont possibles. C’est tout le projet de ce bateau de montrer les progrès que l’on peut faire, avec beaucoup d’humilité. On participe à ouvrir les chakras. Le travail avec la fibre de lin porte ses fruits mais il y a tellement de choses à faire, notamment sur les résines. Et d’une manière générale, sur ce qu’on met à bord du bateau » poursuit le marin qui appelle sans relâche à une plus grande sobriété.
Pendant les deux prochains mois, Roland va finaliser la préparation en Méditerranée. Le bateau quittera La Grande Motte cet été pour rejoindre son port d’attache, à Concarneau, fin juillet.
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