| 24 janvier 2023
Passer à l’action, de l’écogeste à l’initiative collective

Les éco gestes ont petit à petit pris une place importante dans nos quotidiens. Zéro déchet, chauffer à 19°C, consommer bio et local, se déplacer en vélo, supprimer les verres en carton au travail… Se sont ajoutées également au fil du temps quelques privations comme manger moins de viande, ou ne plus prendre l’avion pour ses vacances.

Nous le savons, ces actions sont pertinentes, nécessaires, mais non suffisantes

D’abord, nous n’avons pas tous les moyens physiques, économiques, ni même l’envie de réaliser toutes ces actions. Par ailleurs, nous n’avons pas ou peu de contrôle sur de nombreux enjeux. A titre d’exemple, les émissions de gaz à effet de serre des institutions publiques (fonctionnement de l’administration, santé, éducation, infrastructures…) correspondent à une moyenne de 1,4 t eqCO2 émis par personne, alors que nous ne devrions pas dépasser les 2 t eqCO2 par personne pour respecter l’accord de Paris.

Face à ce constat, nous pouvons être soumis à “l’à-quoi-bonisme”, un certain découragement, voire même de l’éco-anxiété.

L’angle d’approche actuel des sujets climats n’est ainsi peut-être pas le plus pertinent. Et Thierry Libaerts, spécialiste de la Communication Environnementale, nous le confirme : “Il nous faut arrêter d’informer sur le risque climatique pour nous concentrer sur le modèle de société que nous désirons ; une meilleure qualité de vie, une énergie propre, des produits plus sains, un mode de vie moins stressant”. source

 

Mais alors comment agir en tant qu’individu ou organisation pour les transitions en allant au-delà de ces écogestes ? Peut-être qu’être un “citoyen écolo” pourrait être plus intéressant. Comment pouvons-nous rendre ces transitions et leurs implications désirables ?

COOPÉRATION TERRITORIALE

Des expérimentations que nous avons menées sur le territoire de Concarneau, nous avons remarqué plusieurs choses. Le changement devient désirable, lorsqu’en collectif, on se dit qu’on peut créer des outils qui dépassent nos capacités individuelles. Lorsqu’on découvre et se connecte aux acteurs de notre territoire. Faire avec ceux qui nous nourrissent, avec ceux qui nous construisent des pistes cyclables, avec ceux qui protègent la biodiversité…Lorsqu’on choisit d’expérimenter, “de faire”, petit à petit. Lorsque la création de ces outils et expérimentations finissent par créer de l’emploi sur son territoire. Lorsqu’on laisse la place à la convivialité et à la capacité de faire à plusieurs.

Comment cela se concrétise ? Voyons cela à travers trois thématiques, bien connues des explorateurs et des partenaires d’Explore.

LOW TECH

L’esprit et la démarche low-tech reprennent beaucoup de points déjà évoqués plus haut. Au sein du Low-tech Lab, association qui témoigne d&ans le MOOC “Comment faire mieux avec moins, penser autrement avec la low-tech”, nous pouvons observer l’évolution même de la réflexion au sein de l’équipe. L’approche low-tech s’est initiée autour de l’objet en lui-même : comment créer des objets qui soient durables. Mais aussi l’utilisation de l’objet : comment le rendre accessible, se limiter à ce qui nous semble utile… Puis le travail a évolué vers la mise en place d’une “démarche” pour créer un système low-tech. Aujourd’hui, la question même d’entreprises ou organisations low-tech est primordiale, tout comme la réflexion autour d’un territoire low-tech : comment coopérer, expérimenter à l’échelle du territoire, ou même imaginer un territoire low-tech.

Pour évoluer dans cette “philosophie” de la low-tech, l’équipe du Low-tech Lab n’a jamais hésité à expérimenter : tester, faire évoluer petit à petit. Ils témoignent que “faire” leur a aussi permis de dépasser une certaine dissonance cognitive, voire angoisse qu’ils pouvaient ressentir.

 

OCEAN

Prenons maintenant l’exemple de la préservation de l’océan. Victime de nos modes de vie, les océans font face à de nombreux dérèglements. Nous y avons tous notre part de responsabilité et pourtant, à l’échelle individuelle, notre impact (négatif ou positif) est bien difficile à mesurer. C’est pourquoi l’échelle territoriale et collective prend tout son sens.

Plusieurs initiatives collectives engagées pour les océans sont présentées dans le MOOC “Liens terre-mer : quels enjeux, quelles opportunités”. Parmi elles, revenons sur le projet Cap 2000, initié par Pierre Mollo. En matière de coopération territoriale au service des océans et de leurs acteurs, Pierre Mollo, scientifique, propose une solution simple mais efficace : rassembler des publics qui ne se croisent pas, mais qui ont pourtant des liens forts, notamment via la qualité de l’eau et la biodiversité marine. Cela a impliqué de créer un centre de ressources pour que les acteurs de la terre et de la mer (pêcheurs, conchyliculteurs, agriculteurs…) puissent échanger sur ce qu’ils ont en commun. Il en est sorti une bonne compréhension des problématiques de chacun, et la mise en place d’actions acceptées par tous pour une meilleure qualité des cours d’eau.

Nous retrouvons dans cet exemple l’importance de mélanger les acteurs de tous horizons, et de coopérer pour traiter les sujets complexes des limites planétaires.

 

MATERIAUX

Prenons pour finir l’exemple des matériaux. Nos poubelles jonchent nos cuisines, nos territoires, voire même les océans. C’est alors l’essor du Zéro Déchet : réutiliser ses emballages, acheter en vrac, faire soi-même, réemployer… Ce sont des initiatives intéressantes puisque, par exemple, pour faire un t-shirt de 200g, ce sont en réalité 10kg de matière mobilisée en moyenne.

Dans son ensemble, la problématique de “l’empreinte matérielle” dépasse de loin la seule matière consommée “visible”. Nous sommes entourés de matière transformée, sans en connaître leur origine, ni leur fin de vie, ni ce que leur transformation a impliqué. Se posent alors les questions de composition et de conception des produits, d’aménagements pour le recyclage… Se pose aussi la question dans l’usage : sobriété, mutualisation, réemploi… Ce sont des questions que de nombreux collectifs et entreprises ont pris à bras le corps ces derniers temps. 

Nous avons donc rencontré pour réaliser  le MOOC Matériaux des universitaires, associations et entreprises travaillant sur l’écoconception, la fin de vie des produits, le réemploi, le recyclage, l’écologie industrielle et territoriale… Qu’avons-nous trouvé intéressant de toutes ces rencontres ?

  1. tout le monde (citoyen, collectif, entreprise, collectivités…) est concerné par l’empreinte matérielle
  2. pour comprendre ce qui est invisible, il est essentiel de se renseigner, se former, pour proposer des solutions adaptées et pertinentes.

(RE)TROUVER L’ENVIE

 

Chacunes des initiatives présentées dans les MOOCs ont un point commun : l’envie de faire ensemble, de proposer des alternatives et d’en témoigner. Pour beaucoup d’entre elles, ce sont des expérimentations, des tests, qui ont souvent été un succès et des apprentissages forts qui en sont ressortis. Aujourd’hui, l’enjeu est de généraliser ces alternatives innovantes qui émergent sur nos territoires. Mais également de les connecter entre elles pour dépasser le fameux “Small is beautiful” de Ernst Friedrich Schumacher (source).

C’est ce que nous essayons de vous partager dans les MOOCs Explore : quels acteurs du changement pouvons-nous être !

Mais nous pensons, et ressentons au sein d’Explore, que cela passe aussi par le fait de se projeter, en collectif dans une dynamique de territoire qui tire chacun vers ces alternatives innovantes.

 

Bon visionnage !

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